La hulotte
Pas la peine de me sauter dessus en me disant que cet oiseau empaillé n'est pas une hulotte : franchement je n'en sais rien et je ne m'y connais guère en marque de chouette mais là n'est pas la question. C'est une chouette (à moins que ce ne soit un hibou, note bien lecteur malin) et cet objet improbable (chez moi) est un des nombreux totems qui parfument la vieille maison que nous quittons aujourd'hui. Entre une poupée russe rouge géante, un cygne en céramique bleu (qui fait pot-de-fleur), un abat-jour mosaïque (toile d'araignée intégrée), un mannequin en bois qui semble s'élancer dans le ciel, des lances africaines et quelques autres poupées vaudous, ce lieu est un musée de vies passées dont on aurait pas changé les vitrines depuis un siècle. Peut-être est-ce cela d'ailleurs, une maison où la vie s'est arrêtée un jour, qui puise au fond d'un puits tari une eau trouble pour les autres et source de paix pour ses occupants. Je m'y dessèche inexorablement et c'est dans la promesse d'une gorgée à venir que j'en pars à l'instant. Il faut un temps avant de retrouver la force d'y revenir et mon fils marchera comme un petit pantin maladroit quand il y retournera.