Aller-retour
Un weekend entre hommes, entre le père et le fils. Un weekend à faire des trucs de bonshommes avec des tâches bien réparties. Détendre la lessive, ranger dans les bons tiroirs les deux cent cinquante huit fringues pour le fils et ensuite ma paire de chaussettes, passer l'aspirateur (et penser qu'il vit ces dernières respirations avant de lui trouver un remplaçant genre Mike Dyson), faire un peu de cuisine et la manger, répondre au téléphone et écrire quelques mails. Dormir, manger, remplir sa couche, décoller les coins en caoutchouc de la table de salon, pleurer quand je dis "Non", tirer sur le fil de la console, pleurer quand je dis "Non", renverser la boîte de sucres, tirer (encore) sur les mouchoirs dans la boîte, pleurer quand je dis "Non", me faire un câlin et sourire toute la journée. Des trucs de mecs, donc.
Le soir venu, on s'embrasse bien fort, on se promet qu'on ne se réveille pas avant neuf heures, on part se coucher, on rêve de sable chaud, de plage idyllique, loin de cette région singulièrement humide. Mais en fait on rêve d'elle, partie le temps d'un aller-retour au pays des tournesols. A peine partie et tellement loin, une vie en creux pour quarante-huit heures, on erre dans l'attente et nos trucs de mecs ne sont rien que du gravats dans les trous de son absence. Alors, on rêve de cette absence et on guette les côtes pour quitter l'amer du vide.