Impeccable, dis !

   L'oncle Bernard est un nîmois d'adoption mais ça ne l'empêche pas de faire tout comme. Du coup, ce matin, on descend la colline sur sa BMW R 850 - là, ça va être compliqué pour que le virus ne vienne pas à nouveau m'enfiévrer... - et on débarque aux halles de Nîmes, rendez-vous des locaux et des locales, le spot nîmois de la bonne chère.
   Les étals sont un plaisir pour les sens ; les yeux gourmandent les dorades et le nez se régale de la puissance des essences fruitières. Et dans les allées de ces halles, on croise la vie qui chante dans les bouches gargantuesques où l'accent et les expressions vernaculaires joutent de principe.
   De retour au mazet, on essaye de traduire en langue d'oïl le dialecte local. Bien entendu, un numéro spécial de La gazette nous donne des clefs pour nous éclairer. Alors, nous on s'amuse de ça, de ce patois, on trouve au tonton des airs de reboussier (le type qui dit non de principe à tout et ça lui va bien), d'autant qu'il roumègue bien souvent surtout quand les sardines partent en biberine. La liste est longue de cette langue qu'on comprend tant la musique est limpide et le sens est affaire de tempo. A tel point que la nièce - une vraie nîmoise, elle - est la seule à savoir dire de façon inimitable cette ponctuation qui termine les conversations : "Impeccable, dis !"
   On achève une journée de visite au parc des Fontaines et à la Tour Magne par des mots, des souvenirs, une histoire de famille qui se dit, qui s'échange - enfin - sous la tonnelle. On part se coucher, le sourire aux lèvres, et dans les oreilles une petite musique qui résonne un : "Impeccable, dis !"